← Voir tous les articlesOlivier GuillaumeOlivier Guillaume - 17 oct. 2025

Reprendre le contrôle de vos projets : le rôle oublié du Delivery Manager

Illustration de travaille

Chaque projet digital démarre avec les meilleures intentions

Une vision claire, une équipe motivée, des objectifs ambitieux. Et pourtant, combien dérapent en route ?

  • une progression chaotique,
  • des risques découverts trop tard,
  • des équipes qui subissent la pression et perdent en lucidité,
  • des budgets qui s’envolent sans que personne ne sache vraiment pourquoi,
  • des parties prenantes qui finissent par douter du projet.

Sans Delivery Manager, les données récentes issues de cabinets de conseil montrent qu’un projet risque en moyenne :

  • +20 à 30 % de surcoûts,
  • +20 à 25 % de retard,
  • environ 10 % de valeur métier perdue.

Je vous laisse calculer le ROI sur vos projets.

Le Delivery Manager est précisément là pour éviter cette dérive. Son rôle n’est pas de “commander” mais de mettre sous contrôle les conditions qui permettent à une équipe de délivrer de la valeur de façon fluide et sereine.

👉 Dans cet article, vous allez découvrir les 6 leviers concrets qu’un Delivery Manager active pour transformer un projet fragile en projet maîtrisé :

  1. Donner le rythme et alimenter l’équipe
  2. Anticiper pour réduire les risques
  3. Mettre de l’ordre là où règne le chaos
  4. Challenger la valeur et le ROI
  5. Assurer transparence et gouvernance
  6. Jouer le rôle de chef d’orchestre

Ces leviers sont simples à comprendre mais redoutablement efficaces dans leur mise en œuvre. Et c’est souvent leur absence qui explique pourquoi certains projets, pourtant bien lancés, finissent par s’essouffler.

Donner le rythme et alimenter l’équipe

Un projet ne se gagne pas à coups de sprints héroïques, mais grâce à un cadencement régulier. Le Delivery Manager veille à ce que toutes les parties prenantes soient alignées sur le même tempo.

Car si chacun avance à son propre rythme — métiers, développeurs, testeurs, utilisateurs clés — la valeur produite se réduit. On l’observe par exemple quand une équipe de développement arrive en fin de sprint et se demande ce qu’elle pourra bien prendre ensuite, faute de sujets préparés en amont. Ou encore lorsque des campagnes de tests ne sont pas anticipées et viennent freiner brutalement la mise en production.

Le Delivery Manager orchestre les activités en amont (refinement, discovery, préparation des tests), pendant (arbitrages, priorisations) et en aval (bascule, release) pour maintenir un flux régulier.

Anticiper pour réduire les risques

Pendant que l’équipe construit, le Delivery Manager garde la vue d’ensemble. Il soulève, au bon moment, les sujets souvent laissés de côté mais qui deviennent critiques en fin de projet :

  • La disponibilité des key users pour participer au discovery ou valider les tests
  • La définition et la validation du plan de bascule
  • L’initialisation de la base de données, souvent sous-estimée
  • La stratégie de tests, clé pour éviter d’accumuler les régressions

Ces points, s’ils ne sont pas “agités” au bon moment, se transforment en blocages majeurs. Le rôle du Delivery Manager est précisément de les mettre sur la table assez tôt pour que l’équipe et les parties prenantes les adressent sereinement.

Mettre de l’ordre là où règne le chaos

Dans beaucoup de projets, la désorganisation ne vient pas des compétences techniques, mais d’un manque de clarté : informations éparpillées, règles implicites jamais écrites, responsabilités floues.

Le Delivery Manager ramène de la structure et de la lisibilité. Cela peut être la mise en place d’un espace unique où l’information essentielle est centralisée, ou l’animation d’ateliers pour réaligner tout le monde sur les objectifs et la feuille de route.

Quand la vision est partagée et que l’information circule sans friction, l’énergie collective cesse de se disperser et se concentre enfin sur l’avancement du projet.

Challenger la valeur et le ROI

Livrer des fonctionnalités n’a de sens que si elles créent un impact réel. Le Delivery Manager aide les équipes produit et métiers à garder cette perspective, en clarifiant les enjeux et en questionnant les choix.

Mais son rôle ne s’arrête pas là. Il invite aussi les équipes de développement à être créatives, à proposer des alternatives plus simples ou moins coûteuses qui génèrent parfois davantage de valeur que la solution initialement envisagée. Pour cela, il s’assure que les développeurs disposent de la bonne compréhension des objectifs et du contexte, afin de contribuer eux aussi à l’optimisation du ROI.

Assurer transparence et gouvernance

Un projet piloté dans le brouillard finit tôt ou tard par créer de la défiance. Le Delivery Manager met en place une gouvernance transparente, avec des tableaux de bord clairs et partagés.

Cette transparence ne porte pas uniquement sur l’avancement des fonctionnalités, mais aussi sur des aspects critiques comme le budget consommé. Savoir où l’on en est sur la trajectoire budgétaire permet d’arbitrer en connaissance de cause et d’éviter les mauvaises surprises. Avec un reporting fiable et accessible, chacun — métier, technique, direction — dispose de la même source de vérité.

Le chef d’orchestre du projet

Un projet réunit des acteurs aux contraintes variées : développeurs, UX, métiers, exploitation, direction. Chacun avance avec sa propre logique, et sans coordination la cohérence globale s’effondre.

Le Delivery Manager agit comme un chef d’orchestre. Il sait quand favoriser les échanges directs pour aller plus vite, et quand jouer le rôle de tampon pour protéger l’équipe des sollicitations ou contradictions.

Cette capacité à ajuster le mode de communication selon les moments permet de maintenir la fluidité, la cohérence et la sérénité indispensables à l’avancée collective.

Conclusion

La réussite d’un projet digital ne repose pas seulement sur la qualité du code ou le talent des designers. Elle dépend d’un alignement global, d’un rythme partagé, d’une anticipation des risques et d’une gouvernance claire.

Le Delivery Manager est le garant de cet équilibre. Il n’impose pas une méthode figée mais crée les conditions de la performance collective : il aligne les tempos, agite les sujets critiques au bon moment, met de la clarté là où règne le flou, invite les équipes à challenger les choix et à être créatives, donne de la visibilité aux décideurs.

Son rôle est subtil : mettre de l’ordre sans rigidité, sécuriser sans brider, challenger sans décourager.

Sans lui, les projets s’essoufflent dans le désordre, les tensions et les imprévus de dernière minute. Avec lui, les équipes avancent ensemble, au bon rythme, dans la bonne direction — et les organisations reprennent le contrôle de leurs projets.

Sources

  • BCG (2024) – Software Projects Don't Have to Be Late, Costly, and Irrelevant
    Extrait (PDF, p. 2) : « Nearly half of all respondents said that more than 30% of the technology development projects in their organizations suffer from delays or budget overruns… »
    web-assets.bcg.com
  • McKinsey (2023) – Increasing transparency in megaproject execution
    Extrait (article web) : « A recent survey of senior project executives found that, on average, projects overrun their budgets and schedules by 30 to 45 percent. »
    McKinsey & Company
  • PMI – Pulse of the Profession 2021 (Beyond Agility)
    Extrait (PDF, p. 5) : « …wasted investment due to poor project performance… declined to 9.4 percent from 11.4 percent in last year’s Pulse. »
    Institut de gestion de projet
  • McKinsey & Oxford (2012) – Delivering large-scale IT projects on time, on budget, and on value (repère historique IT)
    Extrait (article web) : « On average, large IT projects run 45 percent over budget and 7 percent over time, while delivering 56 percent less value than predicted. »
    McKinsey & Company